2015 -
Ecole d'Art de Douai
/ Laisser venir confusément /
Prélever une portion de terre et laisser ma main machinalement former une bille …
Ce geste-réflexe face à l’argile échafaude les recherches menées pendant une résidence, effectuée à l’Ecole d’Art de Douai en 2015.
Ce geste est répété, transformé, lié à d’autres gestes. La bille, aplatie, se fait pastille, s’ornemente de petits traits, se creuse, s’agrège, disparaît puis fait à nouveau surface. Elle devient une unité constitutive, un module.
De cette terre qui semble enfermer la mémoire de notre passé commun, j’essaie de retranscrire, de retrouver des échos à une de nos facultés qui fonde le travail même de l’artiste. Il s’agit de notre capacité à élaborer des images mentales : les souvenirs, les rêves, la transposition abstraite de ce que l’on capte de la pensée de l’autre, ce qu’il décrit ; c’est-à-dire, un jonglage entre la perception et la construction psychique, entre le connu, le reconnu et l’inventé.
Ces perceptions impalpables, fugitives, mouvantes, lacunaires nous permettent de mémoriser, réfléchir et comprendre l’épaisseur du temps. Elles lient le présent au passé. Elles rendent possibles un récit.
Quelques soient les domaines abordés : le collage, le textile, la céramique, le dessin; j’aime jouer avec les limites de la perception, de la préhension. Il s'agit de prendre conscience non seulement de la technicité d’une simple aiguille, d’une paire de ciseaux, ou tout autre outil simple et usuel, devenus presque anodins. Ces derniers créés par l’homme pour amplifier, qualifier ses aptitudes et ainsi parfaire son rapport à la matière et satisfaire sa volonté d’accomplissement et de créativité.